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Convictions & Croyances face aux défis sociétaux - Présentation du rapport suite à la campagne d’écoute de l’asbl face2faith | Philosophie et Management
14.11.2013

Convictions & Croyances face aux défis sociétaux – Présentation du rapport suite à la campagne d’écoute de l’asbl face2faith

De 11:00 à 13:00 dans les locaux de Toerisme Vlaanderen

Grasmarkt/Marché aux herbes, 61 – 1000 Bruxelles
Tel. 02 504 03 00
Fax 02 504 03 77
www.toerismevlaanderen.be

Plan d’accès

 

Présentation suivie d’un drink.

 

Pour plus d’info, voir le 4ème de couverture et la préface de Luk Bouckaert ci-dessous.

 

Contacts: ledoux.laurent@gmail.com ou mary@face2faith.eu

 

4ème de couverture par le Prof. Dr Vincent Legrand (UCL)


Ce rapport est le fruit d’un processus au long cours, initié par des interrogations sur la place des convictions dans la société contemporaine, poursuivi dans une campagne d’écoute composée d’entretiens et de focus group  avec plus de 400 individus, et couronné par un important travail d’interprétation des données récoltées.

Il décortique patiemment les usages que font les individus eux-mêmes des termes « religion », « foi », conviction », etc., non pas pour donner tort à certains et raisons à d’autres, mais bien pour tenter de comprendre comment ces usages, une fois correctement analysés, donnent à voir le monde dans lequel les répondants vivent. Plus précisément, il poursuit trois missions successives, qui représentent trois étapes qu’il ne cherche à brûler à aucun prix : décrire les cosmologies dans lesquelles évoluent les répondants pour donner à voir, analyser les lignes de tension qui traversent leurs propos pour donner à penser, et finalement tirer prudemment les conséquences des résultats pour donner à agir.

Ce rapport ne dit pas que penser, mais aide à comprendre les implications de nos idées. Il attend de faire parler non pas tant de lui qu’à partir de lui.

 

Le présent rapport est le fruit de la recherche accomplie dans ce cadre par l’équipe de « face2faith dialogue & conviction », encadrée par le Prof. Dr Nicolas Marquis, dont on soulignera le mérite de répondre à la fois aux exigences d’une grande rigueur méthodologique et d’une accessibilité au plus grand nombre – sa vocation première étant d’être « réinjecté dans la société civile ».

 

Qui serait donc contre la diversité religieuse et convictionnelle et le dialogue censé l’aménager ? Loin de verser dans une approche lénifiante du dialogue interreligieux et interconvictionnel, ce rapport tente au contraire – par-delà les lieux communs d’adhésion des répondants au respect de l’autre et au dialogue – de « gratter le vernis qui cache les lignes de tension » traversant les acceptions précisément différentes que les divers acteurs en présence peuvent – consciemment ou inconsciemment – avoir de ceux-ci.

 

Ce rapport offre, sur la base des propos des répondants eux-mêmes, une série de pistes qui ne manqueront pas d’intéresser le secteur associatif du dialogue interreligieux et interconvictionnel, mais aussi notamment l’école – lieu d’apprentissage de la citoyenneté et du vivre-ensemble dans la diversité s’il en est.

 

Préface par Luk Bouckaert, Prof.em. KULeuven en Directeur SPES Forum vzw (Spiritualiteit in Economie & Samenleving)

 

La recherche scientifique – comme nous l’apprend le sociologue et philosophe allemand Jürgen Habermas – est toujours induite de manière sous-jacente par un intérêt[1] ou une motivation particuliers. En ce sens, la recherche n’est jamais exempte de valeurs. Les valeurs sous-jacentes ne déterminent pas seulement l’importance que nous attachons à une enquête, mais affectent également la méthode et l’interprétation des données empiriques. Il est important de le savoir quand nous lisons un «rapport de recherche». Après tout, quel est le statut d’un rapport qui est basé sur une campagne d’écoute – un terme qui ne sonne pas d’emblée positivement aux oreilles des scientifiques? Quel genre d’écoute est impliqué ici? La gamme d’opinions présentée est-elle représentative de ce qui se passe dans la société?

 

Les enquêteurs n’offrent pas vraiment beaucoup de détails au lecteur quant à la composition et au profil des groupes des personnes interrogées , mais précisent bien la méthode employée qui vise à «être légèrement différente » des recherches scientifiques dites positivistes. Afin d’appuyer la légitimité de la recherche qui a mené à ce rapport, je me réfère à la présentation par Habermas des différents types d’enquêtes en fonction de l’intérêt des valeurs qui les sous-tendent. Outre la recherche empirique-analytique positiviste qui est orientée vers l’objectif de surveillance et du contrôle du phénomène étudié, Habermas distingue deux types de recherches : la recherche historico-herméneutique en ligne avec la poursuite de la compréhension mutuelle et l’enquête socio-critique qui se déploie à partir d’un intérêt pour l’émancipation humaine . C’est surtout ce dernier type d’enquête sociologique qui se révèle particulièrement pertinent pour comprendre le projet. En cherchant à rendre les acteurs conscients  des tensions et des contradictions dans leurs comportements, la recherche pratiquée ici promeut leur capacité critique, leur réflexion et leur épanouissement personnel. Voilà ce que vise ce rapport sur les religions et convictions. De manière claire et systématique, les «lignes de tension» sont exposées dans le cadre d’une vaste gamme d’opinions relatives aux convictions et aux religions. Le résultat n’est autre qu’un rapport fascinant, riche et bien argumenté poussant à la réflexion.

 

L’originalité de ce rapport réside dans son point de départ : une campagne d’écoute approfondie. L’art de l’écoute n’est pas seulement intéressant comme outil heuristique pour la recherche, mais il fournit également une clé pour l’approfondissement du dialogue. Par ailleurs, aux côtés d’un matériel d’analyse idéalement fourni pour alimenter la discussion, le rapport présente une méthode pour la conduite d’un bon dialogue. Dans Theorie U [2]– un livre qui a beaucoup de résonance dans les cercles de gestion aujourd’hui – Otto Scharmer traite de l’art de l’écoute. Il distingue ainsi quatre niveaux d’écoute qu’il relie chacun avec une expression.  » Oui, je le savais déjà » est une forme d’écoute visant à reconfirmer les jugements habituels de celui qui écoute. Dans la phrase « Hé, regardez un peu » l’écoute est factuelle et axée sur l’objet. L’accent est mis sur des faits nouveaux ou négligés. La phrase « oui, je sais comment vous vous sentez » décale la position de l’auditeur. Il développe une perception empathique de l’autre et, à partir de là, relève les choses à observer. Enfin, un quatrième niveau d’écoute que Scharmer appelle l’écoute générative et décrit comme « l’écoute à partir du champ émergent de possibilité future ». Des changements profonds ne sont possibles que si les gens se laissent guider par ce qui ressort de l’avenir.

 

En lisant cette recherche, j’ai pensé spontanément à la théorie de l’écoute de Scharmer. Dans de nombreux propos des personnes interviewées, on entend des jugements déjà préétablis sur la religion, le libéralisme, l’islam, etc. A d’autres moments, on ressent l’écoute empathique. De leur côté, les enquêteurs ont démontré sans aucun doute une grande compétence dans l’écoute empathique. Mais ce n’est pas tout. Ils consacrent également une attention particulière à la description de nouveaux défis factuels et à l’analyse des lignes de tension. Cette dernière idée, en particulier, crée l’ouverture nécessaire pour des évolutions possibles. Toutefois, pour ressentir et formuler la dynamique interne de ces développements, l’écoute générative se révèle nécessaire. Les pistes proposées n’ont de sens que dans la mesure où elles s’intègrent dans une vision future intuitive. Le rapport est prudent sur ce point. Il ne veut pas être plus qu’un catalyseur pour permettre l’évolution. Il ouvre seulement quelques pistes. Il revient aux acteurs sociaux – dans ce cas, les nombreuses communautés religieuses et convictionnelles – de réaliser eux-mêmes, à partir de ce rapport, une percée vers un niveau plus profond de dialogue inter-religieux et convictionnel.

 

Des changements profonds ne se feront pas immédiatement. Pourtant, un certain optimisme est justifié. De petits groupes novateurs qui se spécialisent dans le processus de « l’écoute générative » poussent déjà le dialogue plus loin. D’autre part, la société prend plus largement conscience que la question du sens mérite une plus grande attention et ce, à plus d’un titre. Une initiative comme le « Maand van de Spiritualiteit«  (en Flandres), à laquelle les groupes religieux de tous bords coopèrent, révèle clairement que les convictions et la spiritualité sont des valeurs sociétales importantes. Elles sont le souffle de vie de la société civile – ce terrain où les citoyens prennent de nombreuses initiatives et tentent de répondre aux défis sociétaux en se basant sur leurs convictions personnelles et leurs croyances. Cet entre-deux – entre l’espace strictement public et privé – rend visible le caractère public des religions et convictions. Je crois que l’autorité a la tâche de promouvoir le pluralisme actif.

 

Il reste cette question intrigante qui est de savoir pourquoi le dialogue inter-religieux et convictionnel- malgré les beaux discours et les initiatives valables – reste aussi circonscrit et n’a souvent que l’apparence de lui-même. Le rapport propose plusieurs réponses à cette question. Il évoque à juste titre la tension au sein de chaque communauté religieuse et convictionnelle entre d’une part le maintien et d’autre part la transcendance de l’identité privée, entre d’une part une prétention inclusive et d’autre part une vision exclusive à la vérité. Il n’est pas si facile de résoudre ces tensions dans la pratique. Lorsque la question se pose, par facilité, nous choisissons notre propre identité ou propre raisonnement, avant de privilégier le dialogue, même si nous savons qu’un véritable dialogue ne réussira jamais si nous nous basons consciemment ou inconsciemment sur notre seul raisonnement. Celui qui juge l’autre comme fondamentaliste – sans remarquer ses propres tendances cachées à considérer sa définition de la vérité comme exclusive – finira en fin de compte par augmenter l’intolérance et récoltera le sectarisme. Celui qui  s’attribue le rôle de victime ne verra l’autre que comme un agresseur extérieur. La solution à ces dilemmes, c’est l’acceptation d’un principe d’ambiguïté dans toute idéologie. Chaque tradition a ses zones d’ombres et son potentiel pour le dialogue, ses propres formes de violence et son engagement à l’universalité, sa propre vérité et ses mensonges. La frontière entre les deux pourrait être testée dans le dialogue. Mais sans une conscience réciproque et partagée de cette ambiguïté et une volonté réciproque de changement, la vérité demeure alors un monologue , et ce monologue est facticement présenté comme un dialogue.

 

J’espère que le lecteur, à la lecture de ce rapport, pourra enrichir et approfondir sa vision du dialogue inter-religieux et convictionnel. Ce fut ma propre expérience.

 

[1] Habermas J., Erkenntnis und Interesse, Frankfurt, 1973 (2e édition)

[2] Scharmer O., Theorie U. Diriger à partir du futur émergent. (titre original: Theory U. Leading from the Future as It Emerges. San Francisco, 2009)

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